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Programmes terminés

Programme Valle del Mezquital

Le programme « Vallée du Mezquital » approuvé par la Commission des fouilles du Ministère des affaires étrangères en décembre 2006 a débuté en 2007. Il s’agissait d’un programme archéologique bilatéral constitué à la demande des autorités mexicaines. En 2009 il a été substitué par le programme Monte Albán, qui en est une prolongation à la fois thématique et diplomatique.

La Vallée du Mezquital est une région de l’Etat de Hidalgo, située à environ 150 km à vol d’oiseau au nord- ouest de la ville de Mexico. Ce haut plateau steppique, très représentatif du nord de la Méso- Amérique, est entaillé de larges vallées fertiles où les sédentaires ont de longue date développé l’agriculture. En raison de sa situation tant géographique qu’écologique en lisière de la Méso-Amérique, la Vallée du Mezquital a vu coexister au moins depuis 400 av. J.C. le monde des agriculteurs et celui des chasseurs-cueilleurs de tradition nomade. Par ailleurs, la Vallée du Mezquital a toujours connu une occupation pluriethnique, Nahuas et Otomis se partageant le territoire comme dans une grande partie de la Méso-Amérique.

Des travaux de prospection et de repérage entrepris, il est apparu que la vallée de Tecozautla, au nord de l’Etat de Hidalgo, pratiquement à la frontière de l’Etat de Querétaro, offrait un champ d’investigation privilégié. Cet intérêt s’est trouvé dupliqué du fait de l’étrange localisation d’un site à architecture, portant la dénomination moderne de Pahñu. Il s’agit d’un centre politico-cérémoniel, de taille modeste, composé de sept édifices répartis autour de cinq places situées en dégradé au bord d’une mesa, à environ 1850 m. d’altitude, dominant de 200 m. la vallée de Tecozautla, dans un cadre naturel d’une grande beauté. Commandé par un étroit goulet d’une cinquantaine de mètres de large, il affecte un plan en L extrêmement original.

Même si l’on peut considérer que les actuels villages indigènes de la vallée perpétuent une occupation préhispanique, il est toutefois apparu intéressant de s’interroger sur l’existence de ce site d’altitude qui, découplé de toute fonction d’habitat et distant de 5 kilomètres par rapport à la ville même de Tecozautla, semble avoir pourtant ordonné l’espace préhispanique de la vallée.

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Axes de recherche

Analyse de l’espace sacré

Une première problématique s’est dessinée d’emblée : alors qu’habituellement on étudie la distribution spatiale d’un territoire en deux dimensions, ici il nous était loisible de l’analyser en 3 D, en intégrant le facteur verticalité. Cette irruption de la verticalité dans la problématique de l’organisation territoriale est un élément de profonde originalité.

Chronologie

D’autre part, le site de Pahñu offre une séquence chronologique remarquablement instructive. Le centre cérémoniel connaît un premier développement à l’époque III, c’est-à-dire parallèle à celui de Teotihuacan. Puis, il est remanié de façon imposante à l’époque IV, avant d’être abandonné au début de l’époque V, lorsque s’organise une nouvelle concentration des pouvoirs autour de la Vallée de Mexico.

En d’autres termes, l’histoire de Pahñu nous renseigne sur l’intégration de cette région aux marges de l’orbe de Teotihuacan, sur la transition Epoque III – Epoque IV, sur le développement du phénomène toltèque à partir de 850 (Tula n’est qu’à une soixantaine de km) et sur la reconfiguration des pouvoirs à l’époque aztèque autour du bassin de Mexico. Tous ces thèmes, sans être inédits, avaient été finalement peu abordés et la fouille de Pahñu a apporté sur ces registres des informations déterminantes, notamment sur l’absence de collapsus nahua en fin de l’époque III et sur la vitalité toltèque dans cette région, vitalité qui prélude à un abandon complet du site dans lequel on peut voir la conséquence de l’effet d’aspiration du pouvoir vers le bassin de Mexico au début du XIV° siècle.




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Les fouilles se sont concentrées d’une part sur les deux édifices principaux,  Grande pyramide et Salle des Banquettes ; d’autre part, sur le Complexe ouest.

La Grande pyramide, d’axe nord-sud,  présente deux états : les fouilles ont permis d’identifier une substructure d’époque III, de style Teotihuacan, remarquablement conservée dans la mesure où elle a été noyée dans une construction postérieure, d’époque IV. Cette dernière, actuellement visible, n’offre évidemment pas le même degré de préservation.

Cette pyramide forme un système duel avec la « Salle des Banquettes », édifice attenant, situé à l’est de la Place principale. Cette « Salle des Banquettes » s’est révélée être une construction à usage politique, installant la dyade prêtres-guerriers, c’est à dire pouvoir religieux-pouvoir politique, au cœur de la cosmographie du site de Pahñu. A l’instar de la Grande pyramide, elle a connu également deux époques de construction.

Le Complexe ouest, d’orientation est-ouest, est articulé par une pyramide entourée de deux places. Il correspond à une extension du site d’époque IV.

Trois campagnes ont eu lieu en 2007 et 2008. Pahñu a fonctionné comme une école de fouilles commune à l’Ecole Nationale d’Anthropologie et d’Histoire de Mexico (ENAH) et au Centre de recherches sur l’Amérique précolombienne (CRAP) de l’EHESS et de l’Université Paris IV. Ce chantier école s’est inscrit dans un programme de coopération bilatéral franco-mexicain, concrétisé par un accord académique prévoyant entre l’ENAH, l’EHESS et l’Université Paris IV des échanges d’étudiants et de chercheurs. L’encadrement a été assuré sur place par les deux co-directeurs du projet, M. Christian Duverger, directeur d’études à l’EHESS et M. Fernando Lopez Aguilar, professeur d’archéologie à l’ENAH.

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