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La particularité de l’approche du CeRAP est qu’elle ne se limite pas à une aire géographique particulière. Les recherches qui y sont menées portent aussi bien sur le monde andin que sur le monde méso-américain, sans négliger la région taïno (caraïbe), le bassin amazonien ou le Sud-Ouest américain. Il s’agit de sortir des échelles micro régionales ou même nationales qui marquent toute l’archéologie américaniste depuis le XIXe siècle car elles sont le produit des nationalismes des siècles passés et ont occulté les réalités préhispaniques. Le régionalisme archéologique a masqué les dynamiques culturelles d’ensemble tout en  ignorant les anciennes frontières. En étoffant l’assise du savoir archéologique, la perspective du CeRAP, qui ne spécialise ses étudiants sur une aire culturelle donnée qu’au niveau de la thèse, permet de retrouver l’articulation de la chronologie préhispanique en identifiant des concomitances en plusieurs aires géographiques ; elle permet de mieux lire les circuits d’échange transaméricains ; elle permet surtout de mieux prendre en compte l’idiosyncrasie des peuples indigènes. L’analyse du monde américain ancien à partir du cadre géopolitique du XIXe siècle a en effet induit une perception  «occidentale » des sociétés autochtones, par exemple quant à la manière d’occuper un territoire, de créer une ville ou de faire fonctionner une société. Et cette perception gauchie a, jusqu’à ce jour, limité notre compréhension des phénomènes préhispaniques.

Une autre caractéristique méthodologique mise en œuvre par le CeRAP tient au statut des sociétés préhispaniques. Jusqu’à présent, le monde précolombien était classé dans la catégorie « préhistoire », l’histoire n’arrivant qu’avec l’arrivée des Espagnols. De cette classification découle toute une vision de l’Amérique ancienne, enracinée dans le primitivisme : on a voulu y voir des sociétés sans État et sans écriture, à la notable exception des Mayas, installés de fait dans un isolat culturel peu crédible. Le CeRAP considère au contraire que les sociétés préhispaniques constituent des sociétés complexes dès le second millénaire av. J.-C, et qu’à partir de 1.200 av. J.-C. sont repérables les premières traces d’écriture, qui vont de pair avec les débuts de l’Etat. Le CeRAP s’intéresse donc à des sociétés historiques, qui ont généré leurs propres archives, développé une grande activité monumentale, mis en place une cosmovision élaborée et organisé leur vie sociale sur des principes d’extrême complexité.

De ce fait, l’un des axes forts des recherches du Centre touche à la thématique de l’écriture. Nous appelons écriture le système graphique employé dans l’Amérique ancienne, qui est à la fois iconique et idéographique. On y transcrit fondamentalement des contenus sémantiques et non des phonétisations. Et ce, à l’aide d’un système iconique qui peut, sans changer de nature, osciller du signe abstrait (glyphe) à la représentation figurative, les deux pouvant d’ailleurs se combiner. C’est en raison de son apparence  artistique ou « décorative » que l’écriture préhispanique n’a pas été reconnue comme telle. Mais les travaux du Centre permettent maintenant de lire une grande partie des contenus peints, gravés ou sculptés, en particulier en Méso-Amérique pour laquelle nous disposons des grilles de lecture sauvegardées au moment de la Conquête.

Enfin, les recherches du CeRAP sont résolument ancrées dans la pluridisciplinarité. L’archéologie est une méthode de récupération de données qui se suffit rarement à elle-même. Prises isolément, ces données ne livrent que des indices matériels : c’est l’anthropologie et l’histoire qui en autorisent l’interprétation. Pour cette raison, la part consacrée à l’ethnohistoire est importante ; plusieurs types de documents font l’objet d’études : chroniques du XVIe siècle rédigées en espagnol ou en langues indigènes, manuscrits pictographiques assortis ou non de commentaires, enquêtes ethnographiques, cartes et plans « historiés » à la manière indigène, vestiges  architecturaux (palais, couvents), etc. La connaissance des langues indigènes, nahuatl, maya, otomi, chibcha, quechua, aymara, taïno, se révèle une contribution déterminante à la compréhension en profondeur des sociétés qui sont au cœur de nos recherches. Cette dynamique s’accompagne d’un travail épistémologique sur la discipline américaniste afin d’identifier la part des filtres occidentaux qui ont trop souvent déréalisé le monde préhispanique.

Pour citer ce document

, «Présentation», cerap [En ligne], Axes de recherche, Recherche, mis à jour le : 09/10/2013
, URL : http://cerap.ehess.fr/index.php?262.
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