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Programmes terminés

ACI « Internationalisation des SHS »

En octobre 2004, Caterina Magni a obtenu une ACI « Internationalisation des SHS » (aide attribuée par le Ministère délégué à la Recherche) en tant que coordinatrice du projet : « Archéologie et iconographie préhispaniques. Les écritures iconiques de l’Amérique précolombienne ».

Numéro du projet : INT0010

Durée : 36 mois

Laboratoire de rattachement : CeRAP

Université de rattachement : E.H.E.S.S.

Afin de réhabiliter le statut de l’écriture préhispanique, la coordinatrice du projet a proposé un travail sur les règles et les principes régissant le premier système scriptural de l’ancien Mexique. Forgé par les Olmèques (1200-500 avant J.-C.), il est composé de centaines de signes. Ce vaste répertoire, qui apparaît tout d’abord sur les terres cuites et ensuite sur la pierre, est en vigueur de la côte du Golfe jusqu’au versant Pacifique, en passant par le Haut Plateau central du Mexique. Au-delà des frontières mexicaines, il marque la production de l’Amérique centrale : du Guatemala jusqu’au Costa Rica. Son étendue est telle que l’on peut aisément le qualifier de : « phénomène pan-méso-américain ». Sur les divers supports, les motifs se déploient tantôt dans un désordre apparent, tantôt selon un dispositif de lignes ou de colonnes. Dans un souci de clarté, l’auteur qualifie le premier type d’organisation de « langage des signes », selon sa propre formule, et le second d’ « écriture ». Qu’il s’agisse d’une configuration fractionnée ou compacte, il existe toujours un sens de lecture, des conventions plastiques et spatiales et une cohérence sémantique. Ces deux systèmes possèdent un degré d’élaboration identique et ils couvrent une pensée extrêmement sophistiquée relevant en priorité du domaine religieux et, dans un moindre degré, du champ sociopolitique.


C. Magni émet l’hypothèse que la clé de lecture soit uniquement pictographique et idéographique. En effet, en l’état de nos connaissances, les preuves de la présence d’un phonogramme, c’est-à-dire d’une composante sonore, sont extrêmement faibles. Sans exclure a priori l’existence du phonétisme, la prudence s’impose.

Pendant longtemps, l’existence d’une écriture chez les Olmèques a été occultée, voire réfutée de manière catégorique. Dans la littérature archéologique, les américanistes se sont intéressés en priorité à l’écriture maya et, de manière ponctuelle, à celles zapotèque et aztèque. En général, les Mayas apparaissent comme les seuls détenteurs d’un système scriptural digne de ce nom. En filigrane, on sous-entend que les Olmèques auraient enfanté un système embryonnaire, sorte de proto-écriture, où les glyphes ne seraient que des ébauches que les Mayas porteront, quelques siècles plus tard, à leur plus haute perfection. La découverte de la dite « stèle de Cascajal » a sérieusement remis en question cette vision simpliste tout en mettant en évidence un bon nombre d’apories (Magni 2008a-b).


C. Magni a approfondi, au cours de son ACI, des thèmes-phares, lesquels avaient déjà été abordés dans des publications précédentes (Magni 1999 ; 2003) ainsi que dans son habilitation à diriger des recherches (HDR), soutenue au mois de juin 2004 à l’université Paris-Sorbonne (Paris IV). Habilitation intitulée : « Écriture, art et architecture. Analyse de la pensée olmèque, Mexique ».

Parmi les axes de recherche explorés, mentionnons : les opérations mentales qui conduisent le scripteur à la création d’un glyphe, les règles, les conventions plastiques/spatiales et les procédés de représentation qui définissent le système idéopictographique olmèque. L’auteur a travaillé, tout particulièrement, sur le thème de « l’écriture en trois dimensions », selon ses propres termes. Ce thème, jamais abordé, constitue un des aspects les plus personnels de sa recherche. Il tend à démontrer que les éléments architecturaux et artistiques, voire la topographie d’un site, sont porteurs de sens et servent de support à l’écriture. Plus inattendu, leur configuration générale équivaut à un glyphe dessiné dans l’espace.

C. Magni a déjà eu l’occasion de développer ce sujet lors de la « Table Ronde sur les Olmèques », organisée par l’INAH-CONACULTA et l’UNAM. Événement académique d’envergure, qui a eu lieu dans le cadre prestigieux du musée national d’anthropologie de Mexico, au mois de mars 2005 (Magni 2008c).

Enfin, précisons que ces recherches, accompagnées d’un travail de terrain (mission scientifique au Mexique au cours du mois de mai 2008), ont permis de collecter la documentation nécessaire à la publication d’un ouvrage (en cours).

Dans le cadre de l’aide ministérielle, Christian Duverger, Aïcha Bachir Bacha et C. Magni ont participé, au mois de juillet 2006, au 52° Congrès International des Américanistes qui s’est tenu à Séville (Espagne). Les contributions des membres du C.R.A.P se sont inscrites dans la session archéologique et, plus précisément, dans le symposium consacré à l’étude de l’« Epistemología crítica de América prehispánica : los fenómenos de continuidad cultural », coordonné par C. Duverger (EHESS, Paris) et Fernando López Aguilar (ENAH, Mexico).

EHESS
PARIS IV

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